Historique du Karaté-Do Shotokan
Karaté-Do Shotokan
Le Karaté a une très vieille histoire. Henry Plée dans l’une de ses chroniques martiales (Du Pancrace au Karaté) fait un rapprochement entre le Pancrace et le Karaté authentique martial. Ce sport fut pratiqué pendant près de 1100 ans aux jeux olympiques antiques de -700 à +380 après J-C.
Pancrace signifie en Grec « tout est permis en force ». Cet art comprenait des coups de poings sous toutes ses formes, piques des doigts, coups de coude, genou, pied mais aussi projections, clés…
Comme le Karaté, le Pancrace commençait par le salut et avait ses Katas ; les Pyrrics, toujours pratiqué nus !
Mais c’est en Chine, aux alentours du VIème siècle, que l’on trouve les premières traces du Karaté. Un moine bouddhiste indien du nom de Bodhidharma enseigne la doctrine du Bouddha au monastère de Shaolin. Parallèlement, il enseigne à ses disciples des méthodes d’entrainement physique de force d’endurance et de respiration destinées à leur faire acquérir les qualités nécessaires à la pratique de la religion. Ce qui est certain, c’est que le monastère fut réputé au cours des siècles suivants pour les techniques de combats de ses résidents, craints et respectés dans toute la Chine.
L’étape suivante se situe sur l’ile d’Okinawa au sud du Japon véritable plaque tournante commerciale et culturelle, carrefour des civilisations Chinoises, Japonaises et Indonésiennes. Au XVIème siècle, l’occupation successive de l’île par la Chine et les Samouraï Japonais, provoque une résistance farouche des insulaires. Toute forme d’armes leur ayant été interdite, ils n’ont d’autre ressource que de développer clandestinement leurs propres techniques de combat à mains nue. Mélange de formes locales plus rustres et de techniques venues du continent Chinois introduites par marins et commerçants, elles se sont vite réputées d’une efficacité meurtrière même face à un guerrier armé. Au XVIIème siècle, l’art du combat à mains nues prend un véritable essor par la fusion des différentes écoles locales de combat. De ces entrainements clandestins et de ces combats meurtriers nait « l’Okinawa-te » qui allait devenir plus tard le Karaté-Do.
Ce n’est qu’en 1907 que l’Okinawa-te fut enseigné officiellement comme méthode d’éducation physique. Deux écoles principales ont marqué cette époque : celle de maître Anko Hitosu (style Shorin) basée sur des techniques rapides et longues en déplacement et celle de maître Kango Higaona, basée sur des techniques de concentration et de force à courte distance.
Gichin Funakoshi, né en 1868 sur l’île d’Okinawa se forme au Karaté dès son plus jeune âge. Père du karaté moderne, il est connu dans le monde entier comme l’un des grands maîtres d’arts martiaux du XXème siècle. La première partie de sa vie est consacrée à l’enseignement, après s’être entrainé pendant des décennies auprès des plus grands maîtres d’Okinawa. Il est élu par ses paires Président de l’Association des Arts Martiaux d’Okinawa. C’est ainsi qu’en 1921, il organise sur l’île d’Okinawa la première démonstration de Karaté devant le futur empereur Hiro Hito.
En 1922, Jigoro Kano, fondateur du Judo, invite Gichin Funakoshi à son Dojo à Tokyo pour faire une démonstration devant les plus hauts gradés du judo. L’occasion est formidable pour promouvoir le Karaté. C’est lors de cet évènement que le Karaté-gi (kimono) fait son apparition. Gichin Funakoshi confectionne une tenue auxquelles il ajoute quatre lanières pour tenir la veste fermée.
Cette même année, on lui confie la première démonstration nationale de Karaté qui se déroule lors de la première exhibition nationale d’athlétisme à Tokyo. Pour répondre à la demande que suscite cet événement, il s’installe définitivement dans cette ville.
C’est ainsi que le Karaté quitte l’anonymat pour essaimer d’abord au Japon puis dans le reste du monde.
En 1929, Installé au Japon, maître Funakoshi change l’idéogramme kara par un autre de prononciation similaire mais au sens différent : le karate « mains de Chine », devient le karate « mains vide ». Puis assez rapidement, pour insister sur la valeur spirituelle des gestes qu’il enseigne et afin de placer son art au niveau de celui des arts martiaux Japonais, il ajoute le suffixe « Do » : Karaté-Do « la voie de la main vide »
Peu après son arrivée au Japon, Gichin Funakoshi donne ses premiers cours dans une petite pièce de la pension pour étudiants où il loge. Le premier Dojo est inauguré en 1939, les élèves le baptisent Shôtô Kan (kan: salle d’entrainement et Shoto: noms que Funakoshi avait pris pour signer ses poèmes). Il donne les cours assisté par son fils Gigo et quelques-uns de ses premiers élèves.
L’évolution du Karaté-Do moderne se fait avec maître Yoshitaka Funakoshi, fils de Gichin, véritable surdoué du Karaté. Il fait évoluer le Karaté de son père, en un style long et puissant, proche du Shotokan actuel. Il marque de son empreinte la destinée du Karaté moderne, tant sur l’aspect mental que sur le plan technique et meurt en 1945 de la tuberculose.
Henry Plée ouvre le premier Dojo de Karaté en Europe en 1953 à Paris. Le premier japonais à enseigner dans son dojo fut Hiroo Mochizuki, venu en France poursuivre des études de vétérinaire. Henry Plée fait venir les premiers experts japonais : Oshima, Kase, Murakami… Grace à lui, le karaté français a pris un formidable essor.
Maître Gichin Funakoshi meurt en avril 1957. C’est aussi l’année de l’organisation des premiers championnats du Japon avec la victoire de Hirokaku Kanazawa en combat et kata.
Les premiers championnats du monde de karaté sportif ont lieu à Tokyo en 1970 (victoire du Japon).
En 1972 l’équipe de France devient championne du monde à Paris.
En l’espace de quarante ans, le karaté Français passe de 6000 à près de 250 000 licenciés.
Dans les années 70, un phénomène extra sportif va donner un grand essor au Karaté Européen ; Bruce Lee arrive sur les écrans. L’engouement est immense et un large public frappe aux portes des Dojos.
Dominique Valera (Champion du monde en 1972) crée un nouveau style en 1980 : Le Karaté Contact dans lequel on retrouve toutes les techniques de karaté traditionnel et de full contact.
Guy Sauvin (Champion du monde en 1972) et Bernard Sautarel créeront un peu plus tard le Karaté Martial ; pratique qui englobe le karaté japonais, le travail interne et énergétique.
Bernard Bilicki, met en place le Karaté Défense Training ; méthode de self défense.
Sans oublier notre ami Christian PANATTONI concepteur du Karaté Défense System. « le KARATE DEFENSE SYSTEM n’est pas une école, un style, mais plutôt un concept (système), une méthode de travail ouverte à tous et non dogmatique ». http://www.karatedefensesystem.fr/
Toutes ses disciplines ont contribué à promouvoir et démocratiser le Karaté.
En 2016, le Karaté est le 8ième sport le plus pratiqué au monde dans plus de 120 pays par plus de quarante millions de pratiquants. En France, on compte environ 250 000 licenciés, les femmes représentant 30% des effectifs et les enfants 2/3 des licenciés.
Comme le voulait maître Gichin Funakoshi, le Karaté-Do est devenu un art et aussi un sport très populaire dans le monde entier.
JCB
Les sources : - Karaté Dô ma Voie, ma Vie; Gichin Funakoshi, Budo Editions.
- Chroniques Martiales; Henry Plée, Budo Editions.
- Karaté Dô Kyôhan; Gichin Funakoshi, Budo Editions.
- Kihon de Base; Jean-Pierre Fisher, Budo Editions.
- Karaté Pratique ; Roland Habersetzer, Amphora.
- Karaté Shotokan; Stéphane Fauchard, Budo Editions.
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